Accès à la planification familiale au Bénin


Le coût des services éloigne les jeunes femmes des centres de santé privés

Si hier, se rendre dans un centre de santé pour demander des services en planification familiale était presque tabou et pouvait exposer les femmes à la stigmatisation, aujourd’hui de plus en plus de femmes n’hésitent plus à opter pour la planification des naissances. Cependant, si les soins sont gratuits dans les formations sanitaires publiques, dans le privé, ces soins coûtent les yeux de la tête

Liliane*, mère de trois enfants, veut mieux s’occuper de son commerce. Elle décide de planifier ses naissances. Cette fin du mois, elle s’est présentée au centre de santé dans la commune d’Abomey- Calavi.
Le but de sa consultation, adopter une méthode contraceptive. Une heure plus tard, elle repart aussi discrètement qu’elle est venue, satisfaite. Elle a fait une injection pour éviter la surprise d’une grossesse non désirée. Dans ce centre de santé, ce genre de consultation est quotidien à la maternité. Trois à cinq femmes par jour au minimum. Les rapports mensuels relatifs à ces adhérentes sont envoyés à l’Association Béninoise pour le Marketing Social et la communication pour la santé (ABMS), une organisation non gouvernementale béninoise, membre du réseau Population Service International (PSI). Ce centre de santé qui a requis l’anonymat, n’est pas le seul sollicité pour ce genre de prestations médicales.

Également partenaire de ABMS/PSI, la clinique privée Béraka, installée à Abomey-Calavi offre elle aussi des services en Planification Familiale (PF). Et les demandes en la matière sont moins fréquentes que dans le premier centre. Entre décembre 2022 et novembre 2023, soit un peu moins d’un an, Falilatou Mama, la sage-femme, a compté quarante et une (41) femmes adhérentes et fait observer que cette clientèle est plutôt composée de nouvelles accouchées ou de césarisées, bénéficiaires des sensibilisations qu’organise la clinique. « C’est rare, mais il arrive que nous recevons des jeunes filles », raconte la sage-femme. Dans cette clinique, les soins en PF sont disponibles, mais payants. Mis à part la consultation à 600FCFA (0,92 euros), le jadelle, l’une des méthodes les plus demandées, est à trois mille (3000) francs CFA (4,615 euro) et les injections varient entre mille 1000 (1,53 euro) et deux mille 2000 francs CFA (3,07 euro).

Dans un pays où beaucoup de gens vivent sous le seuil de la pauvreté, inutile de dire que ces tarifs ne sont pas accessibles à tous.

Faible demande de PF

Selon la sage-femme, Mme Mama, les coûts des prestations en PF ralentissent l’accès de nombreuses jeunes filles et femmes aux services dans les centres de santé privés.

Si les soins sont payants dans le privé, dans les centres de santé publics dont HOMEL, hôpital de la mère et de l’enfant de Cotonou, c’est gratuit. Les services en PF sont gratuits dans six départements sur les douze que compte le Bénin, confirme la cheffe de service santé de la reproduction et planification familiale à l’Agence nationale des soins en Santé Primaire, une agence du Ministère de la Santé du Bénin, Dr Edith Djenontin Kotchofa. Elle reconnait quand même que la « demande en planification familiale est toujours faible, malgré les multiples actions de sensibilisation». Mis à part l’accessibilité financière, Dr Djenontin cite comme freins à la PF, l’insuffisance d’informations, la peur des effets secondaires, les rumeurs, la faible implication des familles. Conscientes de ces réalités, la cheffe de service santé de la reproduction et planification familiale et son équipe mènent des campagnes gratuites de sensibilisation et d’offres de soins en PF. « Cette année, nous avons parcouru toutes les zones sanitaires du pays », se réjouit Dr Djenontin.

Des actions…. et des fruits

Avec de telles actions que multiplient le ministère de la santé, les activistes, les médias, les ONG, les unités de coordination des centres de santé, le taux de prévalence contraceptive de 12,4% selon l’Enquête Démographique de Santé (EDS) de 2017 a évolué mais reste à confirmer par une nouvelle EDS.
La question de l’accessibilité des jeunes femmes à la PF reste un défi dans les neufs pays membres du Partenariat de Ouagadougou (PO), dont le Bénin.

Déla Fidèle TAMADAHO

*Nom d’emprunt


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